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La complexité linguistique de l’initié à la photographie, n’ayant d’équivalent que la confusion dans laquelle il plonge son interlocuteur ou son lecteur profane, il peut paraître opportun d’envisager les choses différemment.
L’opérateur doit savoir qu’il va appréhender un monde qu’il n’imagine pas vraiment. Un macro cosmos de formes, de couleurs et d’impressions. Il doit apprendre à canaliser son enthousiasme face à ce monde magique qui s’offre soudain à lui dans l’oculaire de l’appareil photographique.
Les fleurs sont coquines et rebelles. Il faut tout d’abord leur parler, les apprivoiser ; c’est essentiel. Il faudra parfois tenter de les hypnotiser, car les fleurs ont une fâcheuse tendance à se laisser bercer par le vent.
Ne vous laissez pas impressionner par leurs changements de couleurs. Cela n’a rien à voir avec leur humeur, mais avec leur désir de plaire. L’opérateur doit être patient, trouver le juste cadre, la composition équilibrée, puis régler ses paramètres en fonction de ses desseins, de la lumière et de son sujet. Il choisira au préalable son ouverture qui conditionnera son avant et son arrière plan, primordiaux en macrophotographie. Tout en sachant que dans une telle proximité avec son sujet et son environnement, la lumière se raréfie grandement. D’autant que l’on privilégiera les petites ouvertures pour une plus grande profondeur de champ. Puis il choisira la durée d’exposition qui s’harmoniera avec le choix de l’ouverture du diaphragme. Les particules de lumière envoyées par les fleurs peuvent être aussi douces que brutales et tout aussi changeantes. Les atomes de petits photons réagissent mal aux expositions prolongées. Les fleurs jouent les stars et n’apprécient pas de poser trop longuement. L’ensemble de la photo peut être facilement surexposé et sans saveur, voir sombre ou inversement complètement brûlée. Il faut savoir opérer un dosage savant entre lumière diffuse, haute lumière et basse lumière.
Le photographe se passera le plus possible d’un pied encombrant. Il fera confiance aux raffinements sophistiqués de ses optiques (enfin, certaines) qui compensent les gigotements ou bougés intempestifs et donnent toute latitude à l’opérateur pour tourner, s’approcher, caresser son sujet et soigner sa composition. Pour plus de sûreté, il devra aussi essayer de retenir sa respiration au moment du déclenchement. Avec l’habitude, il le fera presque inconsciemment, sans s’étouffer.
L’opérateur peaufinera une dernière fois son cadre en vérifiant qu’il ne modifie en rien ses paramètres d’exposition. En macrophotographie, un mouvement de quelques millimètres peut tout chambouler. Enfin, il déclenchera et aura assurément une fantastiquissime photographie, si il a su saisir l’esprit du modèle ou en tout cas du moment.